Ce n'est pas le dernier article de notre série "Nudété" mais un petit article « mortel »
aujourd'hui, au sens propre.
Car le nu, ce n'est pas que la beauté parfaite des dieux de l'antiquité greco-romaines, c'est aussi
l'enveloppe charnelle des simples mortels, le vêtement dans lequel ils viennent au monde et s'en retournent dans l'au-delà.
La mort s'expose partout au Louvre, dans chaque département, mais dans les salles de
Sculpture Française autour de la Cour Marly, on peut voir une multitude de dalles mortuaires sculptées et de monuments funéraires, un vrai cimetière !
Quelle ambiance morbide ! Il ne manque plus que le brouillard et les chauve-souris (pour le
pluriel, je ne suis pas sûr), et, bien sûr, une nuit sans lune …
Entre les nombreux gisants couverts de leurs plus beaux atours, on trouve aussi exposée dans ces
salles la simple nudité humaine face à son fatidique destin.
Même les grands
de ce monde sont touchés, à l'image de cette ébauche pour le gisant de Catherine de Médicis (par Girolamo Della Robbia, vers 1565, photo en haut à gauche), ou encore cette sculpture figurant
Jeanne de Bourbon-Vendôme. Admirez le détail des vers ! (anonyme, 1er quart du 16e siècle, photo à droite). Est-ce ce qu'on appelle être nu comme un vers ?
Ces deux sculptures sont dans la salle 13, au rez-de-chaussée, à
Richelieu.
A nouveau, Jésus est notre grand vainqueur pour ces représentations de nus mortuaires. C'est un
peu de la triche, on l'a déjà montré dans l'article sur le nu religieux, mais bon, il colle parfaitement à la thématique.
Ici, une superbe représentation par Philippe de Champaigne du Christ mort allongé sur son linceul
(avant 1654, salle 31, 2e étage Sully).
A quelques salles de là, Adonis dort de son dernier sommeil,
après son funeste combat avec un sanglier, veillé par son chien (par Laurent de La Hyre, vers 1624-1628, salle 25, 2e étage, Sully). Le peintre a choisi un étrange point de vue plein de
raccourcis, très virtuose.
Et du côté des peintres
romantiques, du XIXe siècle, la mort se fait beaucoup plus tourmentée, avec Delacroix dans sa Mort de Sardanapale (détail du tableau à droite, 1827, salle 77, 1er étage, aile
Denon), et parfois plus horrible aussi, surtout avec les cadavres que
Géricault place sur le Radeau de la Méduse (1819, salle 77, 1er étage, Denon).
Par souci de réalisme, le peintre étudia les moribonds et les cadavres dans les hôpitaux et
réalisa plusieurs études préparatoires . Il tenta de concilier l'art et le réel, mais déchaîna les critiques classiques contre lui par son réalisme si éloigné du "beau idéal". Presque deux cent
ans après, ce tableau fascine encore le public.
Mais il reste encore des nus au Louvre, et des plus réjouissant ! ... à suivre ...
!