7 octobre 2012
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C'est un endroit à part, la salle des États, celle où est
exposée La Joconde (pour ceux qui ne suivraient pas, voir les deux articles précédents).
Travailler dans ce district ne laisse pas indifférents les
agents de surveillance, et ce n'est pas, contrairement aux visiteurs, par émotion artistique. Non, on est plus terre-à-terre. Il s'agit de passer toute la journée (moins les pauses heureusement)
quasiment au garde à vous au milieu
de milliers de visiteurs.
Vous imaginez ?
Voici quelques réflexions glanées devant la feuille
d'affectation.
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La surveillance de Mona Lisa est souvent
redoutée par les agents :
"Oh, non ! Ils m'ont collé à la Joconde pour
le 14 juillet !";
"J'y étais déjà dimanche dernier
!";
"Pffou, avec tous les pickpockets..."
"Je suis rentrant et vlan ! à la Joconde !
Quel cadeau !";
"Et du premier en plus
!";
"Mais avec qui surtout, avec qui
?"
mais parfois appréciée par d'autres, qui aiment
l'action:
"Ouais, un peu de sport, ça va chauffer
! "
"Dimanche gratuit en plus ! Je me
suis tellement .... ...... hier à Maximilien."
"Là au moins, la journée passera
vite."
"Et avec qui surtout, avec qui
?"
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Certains visiteurs nous envient de passer toute
la journée auprès de tant de chefs-d'oeuvres, mais, aussi bizarre que cela puisse paraître, la Joconde doit être le seul tableau du musée auquel les agents de surveillance tournent
délibérément le dos. Ne voyez là aucun boycott de notre part. En réalité,
plus qu'elle, c'est vous que nous tenons à l'oeil, vous qui venez parfois de très loin pour pouvoir l'admirer. Pour notre part, nous nous réservons le plaisir de contempler les oeuvres
aux jours plus calmes ou les mardis, puisque nous avons le privilège de voir le Musée fermé.
Mais les jours de grande affluence, il faut organiser les flux, mettre en place un sens de visite afin de permettre à chacun de pouvoir
la contempler. D'où ces sens interdits que vous pouvez voir dans la salle.
"Non madame, il faut faire le tour. Ici, c'est une sortie."
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Et si vous vous interrogez à propos des poteaux qui délimitent une zone entre la foule et le tableau le plus convoité du monde, sachez qu'ils servent à laisser un espace libre pour les personnes à mobilité réduite, en fauteuil roulant. Elles seules ont le privilège de pouvoir s'approcher de la Diva, et d'y rester le temps qu'il faut. Et n'allez pas prétexter une soudaine faiblesse au pied, vous risqueriez de vous faire gentiment indiquer, d'un doigt poli mais ferme, la file pour rejoindre la foule. On ne rigole pas avec la gestion des flux. C'est du sérieux, la sécurité des personnes, et aussi des biens. Surtout de ce bien-là ! |
C'est tout et n'importe quoi ! Mais ce sur quoi on nous interroge le plus souvent, c'est sur l'authenticité
du tableau.
"Bien entendu, c'est une copie n'est-ce pas ? Je l'ai lu quelque part, je l'ai vu à la télé, la vraie est
dans un coffre, à l'abri !"
Que répondre à cela ? En général, il suffit de montrer la salle dans laquelle elle se trouve. L'abri ? Mais
c'est ici ! Vous imaginez bien que tout cet aménagement, cette cimaise rien que pour elle, avec cette vitre blindée, toutes ces protections, ce contrôle absolu de l'environnement dans lequel elle
se trouve, tout cela n'a pas été réalisé seulement pour une copie ...
En plus, elle a droit à une bonne dizaine d'agents qui lui sont dévoués les jours d'ouverture (plus ou moins
selon la saison), même si vous ne les voyez pas tous groupés autour d'elle. C'est qu'elle n'est pas toute seule non plus. La salle des États fait partie d'un district plus grand, qui comprend de
très nombreux chefs-d'oeuvre. Il en faut, des agents, pour veiller au bien-être de tous ces tableaux italiens, et assurer l'information des visiteurs, qui recherchent avant tout... la Joconde
bien entendu !