On trouve dans la deuxième salle d'histoire du Louvre, à l'entresol Sully, une oeuvre qui nous interpelle : "On ferme ! "
C'est un tableau de François-Auguste Biard qui montre le Louvre en 1847 et ses gardiens (je suppose qu'à cette époque ils n'avaient pas honte d'être appelés gardiens) à "Quatre heures au Salon " c'est à dire à l'heure de fermeture du salon annuel de peinture dans la Grande Galerie.
Mais pourquoi vous en parler alors que Louvre-passion l'a déjà fait, ainsi que d'autres sites et blogs. D'abord parce que nous n'avons peut-être pas les mêmes lecteurs et puis, premiers concernés par cette représentation de nos lointains ancêtres, nous avons notre mot à dire !
Comparons point par point le tableau de 1847 avec une photo actuelle prise à l'heure de la
fermeture.
Déjà, dans le jargon d'aujourd'hui, on ne dit plus la fermeture mais l'évacuation .
Et elle n'a pas lieu à seize heures mais à dix-sept heures quarante-cinq (vingt et une heures trente en nocturne, comme sur la photo). Il est vrai qu'à l'époque de Biard, les horaires du Musée devaient suivre ceux du soleil.
L'exposition des oeuvres a changé, autrefois en "touche à touche", elle est aujourd'hui beaucoup plus aérée.
Les visiteurs aussi sont aux coudes à coudes en 1847 et de plus en plus actuellement, pas sur cette photo, mais devant une certaine star du Musée qu'il est inutile de nommer.
Si leurs vêtements ont beaucoup changé, on retrouve toujours les mêmes types de public croqués par Biard : artistes, mondains, poseurs, coquettes, famille et vieux habitués qui rechignent à quitter le Musée... Mais ils manquent quand même les touristes étrangers de plus en plus nombreux au XXIe siècle.
Et les gardiens, ont-ils changé ? Sûrement, puisqu'ils sont maintenant des agents de surveillance ! Et des agents au féminin aussi car des femmes travaillent au Musée, plus nombreuses que les hommes.
Mais voyez comme les uniformes du XIXe siècle étaient rutilants et galonnés. Maintenant, pas question de fantaisie. La tenue préférée est grise ou bleu marine. Les agents se fondent avec les visiteurs. Combien d'agent, à votre avis, sur la photo ci-contre ?
Mais c'est surtout le sujet du tableau qui nous touche. Si les uniformes sont magnifiques, les gardiens eux-mêmes sont ridicules, s'époumonant en vain au cri de "On ferme !" Cela nous renvoie à
nos difficultés, certains soirs, pour fermer le Musée. En effet, même si la "technique" d'évacuation a progressé, cela reste un moment très délicat, qui méritera un prochain
article...